La rédaction de Créer et Entreprendre n’a pu résister de partager avec vous le témoignage d’un grand créateur et entrepreneur. Voici les les meilleurs moments de l’interview donnée par Nicolas Hayek au journal Les Echos le 06 avril.
Pour ceux qui ne connaissent pas, Nicolas Hayek est le créateur de Swatch. Pour l’histoire, son parcours :
« J’étais entrepreneur consultant. Je dirigeais ma société Hayek Engineering, que je possède toujours. On m’a demandé de me pencher sur l’avenir de l’horlogerie suisse. A l’époque, au début des années 1980, il se fabriquait chaque année 1 milliard de montres-bracelets dans le monde ; 950 millions à moins de 100 francs suisses prix public, 42 millions entre 100 et 700 et 8 millions sans aucune limite de prix au-dessus de 700 euros. Les Suisses avaient une part de marché nulle sur le segment des 950 millions de montres, quasiment rien, soit 2 % à 5 % dans le segment intermédiaire, et 98 % du marché des montres à plus de 700 euros. J’ai décidé d’attaquer le gros du marché avec des montres à moins de 100 euros produites en Suisse. Mon raisonnement était tout simple : aucune industrie ne peut exister si elle ne s’appuie pas sur la production de grandes séries. Et si vous n’avez pas une vraie industrie de production, vous finissez par tout perdre, même le haut de gamme. »
Comment on réussit ? ‘Toute stratégie d’entreprise doit en première priorité s’occuper du produit, et aussi en deuxième et troisième priorités, et en quatrième priorité de l’environnement du produit. Quand on m’a demandé cette analyse et étude stratégique sur l’horlogerie suisse, on voulait surtout justifier son enterrement, son incapacité à faire face à l’invasion japonaise. En y travaillant, je me suis rendu compte que le problème ne venait pas des coûts des salaires très élevés en Suisse par rapport au Japon, mais du manque d’esprit d’entreprise.‘
La partie la plus intéressante, à notre avis, c’est sa réponse à la question : Pour vous, qu’est-ce qu’un entrepreneur ? ‘Un entrepreneur, c’est quelqu’un qui sait que vous et moi, nous sommes nés avec énormément de fantaisie, qu’on a cru aux contes de fées. Puis c’est la famille, l’école, l’armée pour les hommes, l’université, l’administration ou l’entreprise, bref toute une série d’institutions qui ont, petit à petit, tué cette fantaisie originelle qui était en nous. C’est cela qu’il faut retrouver. Pour moi, un entrepreneur, c’est un artiste. Il crée des choses – des produits, de nouvelles richesses et des places de travail, il surmonte les obstacles. C’est cela qui le motive. Il n’est pas intéressé par l’obtention d’un grand revenu immédiat. C’est quelqu’un qui admire la beauté et la culture, qui motive, qui refuse la domination de la finance sur l’industrie, qui passe très vite de la théorie à la pratique, à la réalisation.‘
Pour lui, ‘il nous faut retrouver la fantaisie originelle‘. Nous avons trouvé cela très beau et philosophiquement très riche.
Cela rejoins ce que dit Alexandre Jardin dans Le Petit Sauvage (dont nous parlons dans notre page A propos) lorsqu’il parle de l’alducie : c’est à dire tuer l’adulte que nous sommes devenus pour retrouver l’enfant et ses capacités de rêves et d’imagination.
Alors et VOUS, êtes-vous prêt à rêver ?
Vous pouvez retrouver l’interview dans son intégralité sur le site des Echos.